Cette recherche intérieure
Un golfeur se définit souvent par rapport à ses distances, et ses distances au drive. Il n'est pas rare que ce soit le seul élément qu'il retienne de sa partie ! j'avoue humblement que ma distance au départ (fer 2 ou 3 ou bois 3 selon les humeurs) est indécemment courte et parfois pimentée d'un slice venu de je ne sais où... d'où le titre de mon sujet : avez-vous déjà vécu comme moi les affres de la journée qui aurait mieux fait de ne pas exister ? ou bien cette marche triomphale vers la présidente du club qui vous remet un prix ? ou bien encore cette solitude pesante à la recherche de la petite balle perdue dans le rough épais ? ou bien cette pitié pour votre partenaire qui n'est décidèment pas dans un bon jour ? ou cette appréhension à dire quel score vous avez fait ce jour là ? ou ce sourire béat parce que tout vous réussissait aujourd'hui ? bref, cette richesse intérieure, ce vécu avec soi-même, face à soi-même et en soi-même, c'est cela que j'aime le plus au golf.
Plus que le lancer à x mètres, c'est cette recherche personnelle de l'exécrable au magnifique, du sublime au lamentable. C'est cela que je remets personnellement en jeu chaque dimanche que Dieu veut bien me donner la joie de vivre. Et quand le lundi matin, je vois mes collègues qui ne savent pas à quel point la lutte a été intense, à quel point le gouffre a été béant, je m'aperçois avec bonheur et tristesse que je ne cesserai jamais d'apprendre à me connaître, l'alpha et l'omega de toute une vie concentrés dans une petite sphère blanche, porteuse des espoirs les plus vains, véhicule de notre imaginaire et de notre déraison.
Au 19° trou, nous continuerons à nous "déchirer" sur notre potentiel physique, l'essentiel dans le golf reste et demeure - à mon goût - cette tempête dramatique qui se joue au trou N°1, ce relâchement béni qui nous attend au mât du trou N°18. Toute une vie de sentiments qui s'est jouée en quelques heures, sur un beau tapis verdoyant et parsemé d'embûches, c'est surtout pour cela que le golf restera pour moi ce défi permanent, cette quête de l'insaissable, du futile et de l'éphémère.
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